Docteur en sciences de l’éducation, Sylvain RISS s’est spécialisé dans les questions d’ingénierie pédagogique.
Docteur en sciences de l’éducation, Sylvain RISS s’est spécialisé dans les questions d’ingénierie pédagogique.
« D’abord, il faut savoir observer ! » dit-il.
Concrètement, il ne suffit pas de dire, vous avez un gros nez, un petit nez, un long… et cette dame-là a un plus petit nez que vous.
Il s’agit d’observer, de saisir les traits du visage, et se demander pour chaque trait, pour chaque oscillation du visage ; chaque sillon, ondulation ou virgule ; se demander si chacune de ces aspérités sont importantes et quelles places elles prennent dans cet ensemble qu’est le visage.
Si j’ai un visage assez grand, mon nez pourra ainsi paraître petit, telle ridule devient conséquente dans un visage petit et plus rond. Ce n’est pas de mesures géométriques dont nous parlons ici, mais une mesure du sensible, de l’apparent, du saisissant.
La deuxième question est donc : est-ce que ce trait caractéristique du visage que j’observe est plus important que l’autre qui est à côté ? Est-ce lui qui surgit parmi cet ensemble ?
Ainsi, le caricaturiste observe à la fois le tout et les parties, et donne à chacune d’elle un poids, il mesure la pondération naturelle et éclatante de chaque élément dans cet ensemble. Il cherche la réalité la plus cruciale, une information relative qu’il replace toujours dans son ensemble.
Cette approche aide à observer l’ espace non pas d’une manière globale sans savoir par où commencer, mais l’observer avec la pondération naturelle des éléments qui le constitue. C’est le « qu’est-ce qui m’apparaît ? ». – Caricaturer- l’espace, le rend compréhensible, saisissable, accessible dans sa totalité. Il est ici la solution dans la manière de l’observer pour voir ce qui n’est pas visible, pas éclatant, mais qui pourtant est bien présent.
Il faut donc séparer pour identifier, caractériser pour singulariser, opérer pour détailler, et rassembler pour accéder à la compréhension phénoménologique de nos espaces, et de nos espaces de formations en particulier. Il ne s’agit pas ici d’une succession de frappes chirurgicales, mais d’un gommage, (celui qui garde l’essentiel), d’un estompage (celui qui atténue le granuleux, le grumeleux) pour apprécier ce qui doit l’être, faire éclater ce qui semble lisse au premier regard.
Ce qui apparaît dans l’espace du formateur lorsqu’on l’observe est donc du même ordre, tout n’apparaît pas de manière identique, équivalente. Il y a des niveaux d’équivalence, des plans d’équivalence qui ne sont pas homogènes. Le coin peut être du même ordre que le bureau qui est au milieu de la pièce, une table au centre de la salle de la même pondération spatiale que le tableau sur le mur central. Il faut réussir à établir ces plans d’équivalence dans leur hétérogénéité, pour mieux appréhender l’espace de formation, le saisir et le comprendre ; et faire surgir, émerger au milieu de tout ceci ; l’acte pédagogique.
Ces plans d’équivalence traduisent la vérité pédagogique du formateur, et ébauchent ainsi son plan de consistance.
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