Besoins éducatifs particuliers et inclusion – Témoignages sur l’inclusion

Auteur
Alexis Gérard
RESUME

Témoignage sur l’inclusion
Dans cette présentation je souhaite faire part de deux expériences d’inclusion dans deux contextes différents qui offrent par « effet de contraste » des enseignements sur l’inclusion.


Une école primaire

Après deux années d’enseignement dans une classe de CE1, je me suis orienté en 1994 vers l’enseignement spécialisé en Classe d’intégration (à l’époque) Scolaire dans une école primaire de Nancy dans un quartier à forte mixité sociale.
Ancienne école spécialisée (4 classes spéciales et comme directeur un enseignant spécialisé), cette école avait une forte culture de l’accueil des enfants différents (handicapé et inadaptés +/- provisoires). Pas encore d’accueil en classe ordinaire mais une vie ensemble ancienne. De l’inclusion avant même que le mot n’existe !
Ce fut de très belles années du point de vue de l’inclusion : le travail en équipe se développa considérablement avec l’arrivée (en nombre) des aides éducateurs et les animateurs des activités périscolaires organisées par la mairie. Nous étions alors « école pilote » dans le mouvement de la Charte du XXI ième siècle.

Le nombre d’adultes présents (et de statuts différents) nous offrait des possibilités de travailler en groupes restreints et avec des élèves d’autres classes. Enseignant de CLIS j’enseignais alors à tous les élèves de l’école !

Je suis persuadé que le travail en groupe restreint permet de développer une attention particulière à chacun particulière. Les élèves de CLIS côtoyaient tous les adultes, des façons d’enseigner, des façons d’être diverses, autant de modèles d’identification possible.

Le mot « ressources humaines » prenait tout son sens !

Ce joyeux brassage mais très organisé me permettait de voir évoluer l’enfant handicapés dans des situations très variées et de repérer ainsi les milieux qui permettaient d’atténuer le désavantage et de permettre de mettre en avant le potentiel, les qualités de chacun.

L’inclusion se déclinait alors en de multiples modalités, proposées selon les besoins et les demandes de l’enfant. Je recueillais les avis, point de vue, évaluation des différents adultes qui travaillait avec eux. L’évaluation (et les médiations qui en découlent) se faisaient sur la base d’observation dans des milieux différents, dans des contextes différents.
Tous et chacun, nous développions une approche globale de l’enfant-élève. Cette approche est davantage porteuse de sens que le morcellement des prise en charge. Le partenariat était la clé de voûte du fonctionnement.
L’instituteur ouvrait le portail le matin, le fermait le soir. Pour compléter son revenu les instituteurs (pas tous professeurs des écoles) surveillaient la cantine et l’étude du soir. Même ceux qui ne surveillaient pas la cantine, beaucoup mangeaient sur place. On venaient travailler pour la journée.
Le fait d’enseigner toutes les disciplines accentue certainement ce ressenti d’être responsable d’une part importante de la vie scolaire de l’enfant.


Au collège

En 2006, j’ouvre l’ULIS dans un collège de centre-ville. Le public est nettement moins mixte. Je découvre la culture professionnelle du secondaire.
Dès l’ouverture de la structure, ce sont les agents de service et d’entretien qui jouent les premiers rôles. Ces personnels vont accueillir de façon formidable les « UPI ». Décoration surprise de la salle pour Noël et pour Pâques, petites attentions lors du passage au self, et une relation étroite, très bienveillante s’installe : c’était un peu leurs élèves. C’était tout à fait étonnant.

Les professeurs : Dès ma prise de contact, la principale du collège me présente deux professeurs volontaires pour travailler avec les élèves.
Petit à petit, d’autres vont répondre favorablement à l’accueil d’élèves de l’ULIS dans leur classe. D’autres vont travailler avec le groupe au complet.
Ainsi va se former un groupe d’enseignants que je nomme volontiers la « garde- rapprochée », à laquelle s’ajoute des collaborations plus ponctuelles. Assez rapidement les différentes modalités d’inclusion se mettent en place.
Le cloisonnement disciplinaire propre à l’enseignement secondaire est à la fois un obstacle et un avantage à l’inclusion.
Obstacle : du point de vue du professeur une vue tout de même partielle de la vie scolaire du jeune.
Avantage : du point de vue du coordonnateur, j’ai à faire à des spécialistes de leur discipline donc à des personnes ressources précieuses.

Les assistants d’éducation vont jouer un rôle fondamental. La vie quotidienne au collège est l’occasion de vivre l’inclusion dans sa dimension sociale. Je suis toujours présent tout au long de la journée. Chaque début d’année je les rencontre et je leur parle de l’ULIS et des jeunes qui y sont. La relation est étroite.

Le rôle de coordonnateur est important dans la mise en place de ce maillage humain qui correspond aux lieux que fréquentent les élèves handicapés. Ce maillage permet la surveillance mais plus certainement il permet une présence plus ou moins proche, de nature différente selon les personnes, les lieux et les moments. Ce réseau permet d’activer selon les besoins les ressources de chaque adulte qui en fait partie. Au delà des fonctions c’est bien la personne, son histoire, son parcours qui m’intéresse.