Contexte d’émergence :
Nos premiers travaux ont été élaborés en didactique des disciplines en sciences de l’éducation et de la formation. Dans une approche diversifiée, nous nous sommes intéressée à une pluralité de didactiques : didactique des disciplines, didactique comparée, didactique curriculaire, didactique professionnelle, didactique clinique.
Nous nous référons à de nombreux travaux en didactiques et à ceux développés par Jean-Pierre Astolfi que nous conservons comme un précieux héritage.
Pour mémoire :
Dès 2001, Philippe Jonnaert[1] prône un élargissement du champ des didactiques contemporaines des disciplines. Pour lui la didactique d’une discipline a pour objet l’étude les différents processus de médiation à propos d’un savoir pris dans sa globalité. « Cette médiation s’établit entre une institution donnée qui n’est pas exclusivement scolaire, et un ou plusieurs sujets qui ne sont pas exclusivement des élèves, susceptibles de se construire des connaissances à propos de ce savoir. Elle inscrit sa réflexion et ses objets de recherche dans un système didactique qui n’est pas réductible aux seules problématiques d’enseignement et d’apprentissage en contexte scolaire » (p.42).
Astolfi[2], en 2003, anticipe pour l’Education et la Formation un changement nécessaire d’identité professionnelles, tout en constatant une : « mutation inaboutie, si bien que le métier d’enseignant paraît aujourd’hui [écrivait-il] hésiter entre deux figures professionnelles. La figure traditionnelle, encore dominante, peut être caractérisée par le paradigme des dix mots suivants : transmission, instruction, maître, élève, programme, leçon, notion, mémoire, connaissance, contrôle. Alors que « le second paradigme correspond [poursuivait-il] lui, au vocabulaire actuel des sciences de l’éducation, plus conforme aux données de la psychologie cognitive, de la didactique et de l’épistémologie. ». Il se décline « autour d’une nouvelle série de termes contrastés : construction, formation, médiateur, apprenant, curriculum, dispositif, concept, cognition, compétence, évaluation. ».
Vergnaud[3], dans la préface qu’il réalise en 2010 pour un ouvrage les didactiques en question (s), mobilise « sa » définition de la didactique comme l’« étude des processus de transmission et d’appropriation des connaissance dans ce qu’elles ont de spécifique du contenu, dans le but d’améliorer ces processus. ». C’est la définition qui avait été proposée dans le rapport Carraz élaboré à la demande de Chevènement, alors ministre de la recherche, par un petit groupe dont faisait partie Gérard Vergnaud. Il explique lui-même en 2000 sur son site[4] : « La didactique professionnelle est née après la didactique des disciplines, dans le cadre d’un programme de recherche du Ministère sur les adultes de faible niveau de formation initiale. La formule « didactique professionnelle » est née probablement dans la bouche de Francis Ginsbourger, qui coordonnait ce programme, et prenait appui sur les recherches de Pierre Pastré notamment et sur le séminaire que j’animais alors au Ministère. Nous avons ensuite créé un groupe de travail sur ce thème à l’intérieur du Groupement de Recherche du CNRS. ».
Nous appréhendons la didactique dans une dimension ouverte, certainement en raison de nos expériences d’interventions dans différents types d’établissements d’enseignement, d’apprentissage et de formation, et, des nombreuses recherches effectuées avec des groupes de professionnels différents.
Nous relions les recherches aux dimensions de l’activité professionnelle réelle, avec le souci de partage, des savoirs en croisant les différentes orientations en didactique : épistémologique, psychologique et praxéologique. Il s’agit d’une stratégie de croisement et de mise en réseau de savoirs en actes et de savoirs construits en sciences humaines en associant souvent les sciences de l’éducation et de la formation et les sciences de l’information-documentation-communication.
Nos recherches, notre parcours, et, le travail d’Habilitation à Diriger des Recherches nous permettent de proposer une définition renouvelée de Didactique(s).
Proposition de définition reliant diverses conceptions et à partir de nos propres recherches :
Étude des conditions des transmissions, des médiations, des appropriations, et des constructions des enseignements et des apprentissages dans des disciplines, des domaines émergents, des technologies, des éducations, des domaines professionnels en tenant compte de certains croisements et confluences, de « la réalité » de l’activité et des pratiques professionnelles pour les Métiers de l’Humain, dont les métiers de l’éducation et de la formation.
Bibliographie :
Frisch, M. (2020). Didactique de l’Information-Documentation et développement d’une posture de recherche dans les métiers de l’humain et en intelligence collective… Paris : l’Harmattan.
Frisch, M. (2016). Emergences en didactiques pour les métiers de l’humain. Paris : L’harmattan.
Frisch, M. (2016). Démarches, modèles et concepts en didactique de l’information-documentation. Dans Rosine Galluzzo-Dafflon (dir.), Tréma, 45 | 2016, « Modèles et didactiques » [En ligne], mis en ligne le 10 janvier 2017, consulté le 12 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/trema/3466 ; DOI : https://doi.org/10.4000/trema.3466
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Notes :
[1] Jonnaert, Philippe. Un recadrage des didactiques contemporaines des disciplines, in Philippe Jonnaert et Suzane Laurin. Les didactiques des disciplines un débat contemporain. Canada : PUK, p.30-56.
[2] Astolfi, Jean-Pierre. Le métier d’enseignant entre deux figures professionnelles. In Astolfi, Jean-Pierre (Dir.). Education et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers. Paris : ESF, p.23-53.
[3] Vergnaud Gérard. Préface. In M.-L. Elalouf, A. Robert, A. Belhadjin, M.-F. Bishop (Dir.). Les didactiques en question(s) : Etat des lieux et perspectives pour la recherche et la formation. Bruxelles : De Boeck, p.9-13.
[4] https://www.gerard-vergnaud.org/texts/gvergnaud_2000_scheme-est-il-mort_colloque-eps-inrp.pdf
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