Distance de professionnalité dans les métiers de l’humain

Auteur.e de la publication
Jean Marc Paragot
RESUME

Contexte d’émergence :

Première formalisation au cours du mémoire de DEA formation emploi « le corps dans le travail enseignant » sous la direction de Monsieur Gérard Fath, professeur en sciences de l’éducation, Université de Nancy, 1991.

Communications dans les colloques de l’APRIEF, de l’ AESCE en 1993, 1996, 1999.

Cette notion nous permet de définir une zone intermédiaire entre le noyau subjectif de chaque personne et la surface d’expertise de chaque expert. Elle est évolutive dans le temps, au regard des expériences professionnelles, des parcours de vie. Elle varie aussi en fonction de l’objet de la relation, du protagoniste ou du nombre de ceux-ci et du contexte particulier de l’exercice du métier. Nous l’avons nommée « distance de professionnalité » et nous proposons qu’elle permette d’amortir dans la vie professionnelle les effets de l’identité, de la culture, de l’histoire du sujet et à l’inverse qu’elle favorise l’atténuation des « outrages » de la vie professionnelle commis à l’encontre du noyau subjectif. Ces « outrages » peuvent trouver leurs sources autant dans la relation professionnelle à l’autre que dans la relation de soi à l’objet (le savoir, le soin, le bien commun) ainsi que dans la relation à l’autre lui-même en relation à l’objet.

Lorsque nous sommes au travail, dans une situation professionnelle d’un métier de l’humain, nous pouvons percevoir, ressentir, comprendre, décider et agir en fonction d’une logique double, à savoir celle de l’expert et/ou celle de la personne. La conscience de ce dédoublement nous renforce dans un point de vue et nous prive de l’autre (c’est la part manquante de soi). En même temps nous accédons à la possibilité de nous mouvoir de l’un à l’autre pour comprendre autrement ou pour nous astreindre à la raison professionnelle ou encore pour accepter l’irruption de nos affects dans la conscience de la situation.

 

Le pilotage expert consiste alors non pas à nier ou à ignorer la présence des affects personnels dans l’espace d’expertise mais de les y accepter pour mieux décider de les travailler afin que la place que nous leur laissons ne nous mette pas dans l’incapacité d’agir. Cette conscience de soi à soi est vraiment un espace de pure subjectivité. La distance de professionnalité serait aussi le lieu de métabolisation des affects pendant et après le vécu de la situation professionnelle. Son développement serait à envisager de concert avec la construction de la réflexivité professionnelle en action.

 

Bibliographie:

Paragot Jean-Marc. (2015). Parcours d’Un Responsable de Formation : Du Métier Vers La Profession. L’Harmattan.

Paragot, Jean-Marc (2021). Distance de professionnalité dans les métiers de l’Humain en 2021.Colloque ideki.

https://ideki.org/wp-content/uploads/2022/01/Distance-de-professionnalite.pdf

L’harmattan, 2021,

Paragot, Jean-Marc (2021). Distance de professionnalité : pour une forme experte dans les métiers de l’humain. Yolande Maury , Jean-Marc Paragot. Apprendre, s’apprendre, faire apprendre. Perspectives constructivistes en éducation. P117- 128. Coll. I.D/Emergences, cheminements et constructions de savoirs, Muriel Frisch, 978-2-343-24935-3

Poher, Christel (2020). Master Ingénierie de la formation de formateurs. Université de Lorraine. Sciences de l’éducation et de la formation / ESPE.

https://wikiclown.org/wp-content/uploads/2022/05/Creation-dune-distance-de-professionnalite-dans-le-metier-de-clown-en-etablissement-de-soins-2019-2020.pdf

Poher, Christel (2021). Christel Poher. Plongée au cœur de la distance de professionnalité et de sa construction. Yolande Maury; Jean-Marc Paragot. Apprendre, s’apprendre, faire apprendre : perspectives constructivistes en éducation, L’Harmattan, pp.105-116, 2021, I.D. Série 4, Émergences et construction de savoirs, ISSN 2425-4614, 978-2-343-24935-3.