Le travail en équipe voit parfois des marges se dessiner, peu ou prou, et se concrétiser en repas, sorties ou pratiques sportives communes. Ces «marges» sont plus ou moins institutionnalisées, concernent tous les collègues ou des groupes d’affinités et/ou d’intérêts.
Un créneau horaire au gymnase, sis dans l’enceinte de l’établissement, rendait possible la pratique de plusieurs sports. Le projet de monter une équipe de futsal fermentait depuis quelques années. Au collège, quelques collègues étaient d’accord, mais en nombre insuffisant. Pendant plusieurs années, c’est la pratique du badminton qui réunit quelques volontaires.
Une nouvelle année scolaire voit soudainement le nombre de collègues intéressés enfler de façon significative. Un collègue me parle de constituer une équipe. Nous nous enthousiasmons à cette idée. Je rédige la lettre de demande de créneau horaire auprès de l’institution qui gère les gymnases de l’agglomération. Des semaines passent et la demande semble s’être perdue dans les méandres administratifs. Las, l’été indien nous poussent à nous rendre au vaste parc de la ville où de la prairie régulièrement entretenue accueillera nos joutes. Quelques séances sur herbe et nous décidons de jouer sur des terrains de handball, sur goudron, situés à l’extrémité du parc. Rendez-vous est pris.
La semaine suivante, nous sommes trois joueurs à arriver les premiers sur le terrain. Il jouxte un boulevard très passant de la ville. A côté des deux terrains de handball, deux terrains de basket où s’exercent quelques joueurs. La surface goudronnée est peu engageante mais les limites tracées du terrain et les cages matérialisées sont un avantage. Nous nous changeons et commençons à nous échauffer balle au pied sur un but.
Un homme jeune se présente, il me demande, en anglais, s’il peut jouer avec nous. Il est le bienvenu. Il est israélien. Il a du ballon. En une demi-heure, nous rejoignent, un Sud-américain, deux Roumains, quatre joueurs d’origine maghrébine. Les origines et les nationalités s’accumulent et se mêlent sur le terrain. Les joueurs semblent sortir de nulle part, c’est très étonnant !
Des personnes arrivent, d’autres partent et il est difficile, par moment, de repérer qui est dans une équipe ou une autre. Chacun fait un effort pour mémoriser les joueurs de son équipe. On retient alors les visages, une caractéristique physique ou vestimentaire.
Les échanges se font surtout par gestes ou onomatopées. Aux nationalités et origines diverses, les styles de jeu apparaissent. Il y a les joueurs très techniques, un peu individualistes, les joueurs « physiques », les joueurs « de tempérament », très accrocheurs (le fameux fighting spirit des anglais), ceux qui ne sont rien de tout ça mais qui se contentent de ce qu’il savent faire : un bon contrôle de balle, une belle passe, gêner l’adversaire.
Même les différences de niveaux et de styles s’harmonisent dans un bel ensemble. Si un joueur rate un geste, la solidarité des coéquipiers compense. Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il est et ça marche !
Le match bat son plein. Si un joueur tombe, tout le monde s’arrête, s’inquiète et cherche à aider. Le niveau technique global est relevé et l’opposition est intense : c’est un beau match de foot.
Pendant deux heures, cette Internationale du football joue dans une harmonie formidable. Pas de maillot, pas de score. Une seule langue : le jeu.
Imagine all the people living life in peace
A compléter par une courte biographie d’Alexis GERARD, coordonateur d’ULIS
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