Infirmières et infirmiers de l’éducation nationale : une nouvelle spécialité ?

Emergences et premiers résultats pour une recherche-action

Dates
10 mai 2019
Lieu
Canopé – Nancy
RESUME

Argumentaire

Depuis 2009 des infirmières et des infirmiers de l’Education Nationale de l’académie de Nancy-Metz se sont formés à l’analyse de pratiques professionnelles à visée réflexive et ont généré en leur sein quatre équipes (une par département) d’animatrices d’AAPP qui animent les ateliers au profit d’un nombre grandissant de pairs. Il nous a paru indispensable d’étudier les objets abordés au cours de ces ateliers puis de les rapprocher (similitudes et différences) de ceux abordés par des professionnels travaillant dans d’autres contextes d’exercice.

Reconnaître les bienfaits de ces pratiques et les partager avec d’autres professionnels des métiers du soin, de l’éducation, de l’encadrement telle est l’originalité de ce projet inter institutions et interprofessionnel.

Parmi les métiers dits impossibles ou encore les métiers de l’humain, le métier d’infirmière et d’infirmier mérite d’être valorisé et questionné à partir des professions spécifiques qui en font partie : celle d’infirmière et d’infirmier de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Quel est aujourd’hui l’objet de la relation professionnelle entre l’infirmière, l’infirmier et l’enfant ou le jeune adulte en développement et quelles sont les formes d’activités qui en découlent ? Quelles seraient les spécificités de cette profession organisée entre le « cure » et le « care » (deux formes anglophones du mot soin/soigner) ?

Six journées de recherche (séminaires de travail et de recherche) en octobre, novembre et décembre 2018, puis mars, avril 2019 ont été programmées réunissant chercheurs et professionnels.

Le travail d’explicitation de ces pratiques par des démarches de reconnaissance universitaire accompagne la professionnalisation du métier et des acteurs/actrices.

Dans le souci de participer à la bienveillance scolaire ainsi qu’à l’accueil de toutes et de tous au sein de l’Institution Education Nationale, l’infirmière  (ici générique) de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, praticienne réflexive, devrait apporter une contribution significative à la communauté éducative.

Le mouvement engagé en Lorraine s’apparente à une recherche action qui questionne en même temps et ensemble, les savoirs de l’action, les savoirs sur l’action et les savoirs pour l’action puis tente d’en rendre compte.

Ce colloque est l’occasion de faire le point sur l’évolution des réflexions en cours, il propose un moment réflexif, partagé entre la recherche, les pratiques professionnelles et la formation, sur des questionnements d’acteurs à travers des conférences, des interactions, des traces, des regards. Il débouchera sur une publication scientifique. Il est conçu comme un espace de travail en liant la recherche aux dimensions de l’activité professionnelle réelle dans une lignée interdisciplinaire et multi-référentielle.

Programme 

9h-9h30 Accueil des participants

9h30-10h15 Les conférences d’ouverture

  • Par Madame Florence Robine, Rectrice de la région académique Grand Est, Rectrice de l’académie de Nancy-Metz, chancelière des Universités
  • Par Monsieur Patrick Chamboredon Président de l’Ordre national des infirmiers
  • Par monsieur Guillaume Gelé Président de l’URCA (à confirmer)
  • Présentation des partenaires associés à l’organisation de cette manifestation

10h15- 12H 20 Les conférences d’introduction

10h15-10h40 Muriel Frisch (Professeure des Universités en Sciences de l’éducation et de la formation à l’URCA/ESPE, directrice du Cérep EA 4692 et de la collection Emergences, cheminements et constructions de savoirs aux Editions L’Harmattan)

« Travailler en contre-transposition pour construire des savoirs et développer des formes d’efficacités réflexives » un moyen de contribuer à l’évolution des pratiques professionnelles »

En guise d’introduction de ce colloque nous proposerons une réflexion qui articule le champ de la professionnalisation et du développement professionnel à celui des didactiques pour penser l’évolution des pratiques professionnelles et construire des savoirs dans et sur les « métiers de l’humain » en particulier de l’éducation, de la formation et du soin. Le fait de croiser et de mettre en réseau des savoirs en actes et des savoirs construits est une stratégie dans notre discipline de recherche : les sciences humaines et en particulier les sciences de l’éducation et de la formation. Dans une perspective compréhensive nos travaux cherchent à rendre explicite le sens que les individus donnent à leurs actions avec des concepts innovants, à repérer des émergences en lien avec des pratiques et des situations professionnelles d’éducation et de formation. Nous nous appuierons sur deux concepts développés au cours de nos recherches ceux de « contre-transposition » et « d’efficacité réflexive » pour contribuer à poser le cadre théorique de cette recherche-action.

10H40 -11H05 Conférence d’ouverture par monsieur le Directeur de l’EHESP Laurent Chambaud « La notion de soin à l’horizon des années 2035 »

11h05- 11h30 Loïc Chalmel (PU en SE à l’UHA Université de Strasbourg, directeur du LISEC Alsace-Lorraine EA 2310 et de la collection Soins, sens, postures, pratiques aux PUL)

« Accompagner la souffrance des élèves au quotidien entre cure et care. Faut-il pour ce faire risquer le pédagogique ? »

Adopter une «posture pédagogique», présuppose, pour les acteurs du soin, une éthique de conviction, ainsi qu’un ensemble de règles de conduite. Dès lors, Comment peut-on se percevoir simultanément soignant et pédagogue ?

Tant pour des motifs économiques qu’humanistes, éduquer le patient s’annonce comme une pratique indissociable du processus de soin. La principale conséquence de ce suivi reste bien la nécessité pour les soignants de construire d’autres manières d’écouter, d’observer, de raisonner bref en un mot, d’accompagner.

La mission « d’éduquer » les patients, représente une tâche relativement nouvelle (supplémentaire ?) pour les soignants, d’autant que le développement d’une autonomie relative basée sur l’observance par rapport à une pathologique chronique ou invalidante, semble être une des finalités d’une telle formation. Reste à définir ce que recouvre exactement l’éducation dans le champ thérapeutique, dans ses liens avec l’hypertexte économique et social environnant.

Se concevoir comme pédagogue relève, dans le domaine du soin, d’une question de conscience et d’éthique. L’absence de prise en compte des résistances relationnelles et cognitives condamne les praticiens/militants à rester des hommes et des femmes de marge, d’entre-deux, nécessairement nomades dans l’univers théorique, solitaires/solidaires dans celui des pratiques, infidèles à la doxa, impertinents et résistants face aux routines. Pour que leur combat ne soit pas perdu d’avance, il importe que certains s’érigent en théoriciens de leur propre pratique, afin que le fil de l’histoire ne soit pas définitivement rompu, ni son sens perdu.

11h30-11h55 Mabrouk Nekaa (Infirmier, conseiller technique et titulaire d’une thèse sur les infirmières de l’Education Nationale en France)

« Les infirmières de l’éducation nationale en France, éducation et promotion de la santé : quelles pratiques fondées ? Une pratique spécialisée en soins infirmiers ? »

Au sein de la communauté éducative, les infirmières de l’Education nationale sont un corps particulier à qui est confiée la mission d’éducation et de promotion de la santé qui nécessite une évolution de leur rôle, de leur posture et de leurs pratiques professionnelles. La littérature souligne le lien entre les connaissances, les systèmes de représentations sociales et de pratiques de références qui s’articulent autour de conceptions individuelles. A partir d’une méthodologie mixte, l’étude porte sur l’analyse des résultats d’une approche qualitative par entretiens auprès d’un échantillon de la population suivie par une enquête nationale par questionnaires. Ces conceptions sont fortement influencées par l’exercice professionnel au sein de l’Education nationale. Le rôle des infirmières scolaires dans l’Education pour la santé évolue en fonction de la durée de l’exercice professionnel, allant de conceptions sanitaires (cure) devant être enseignées à une approche globale (care) de l’éducation à la santé en passant par le conseil et le soutien aux écoles et enseignants. Cette recherche avance des pistes de réflexion en ingénierie de la formation initiale et continue avec comme objectif la construction de la spécificité de l’infirmière scolaire comme « une pratique spécialisée en soins infirmiers ».

11h55-12h20 Jean-Marc Paragot (Responsable du master Ingénierie de Formation de Formateurs à l’Université de Lorraine, à l’origine du dispositif AAPP en Lorraine, membre du réseau IDEKI) et Rozenn De Lavenne (Infirmière conseillère technique de la Rectrice)

« Les AAPP un dispositif au service du développement de compétences réflexives pour les métiers de l’humain »

Depuis 2009, nous avons engagé une action pédagogique et de formation de formateurs conséquente : le développement des ateliers d’analyse de pratiques professionnelles à visée réflexive. Nous avons élaboré un corpus conséquent de situations professionnelles depuis 2010 réalisées par les infirmières lors des AAPP. Ces situations proviennent des notes prises par les formateurs, organisées en éléments de narration des situations travaillées, de fragments professionnels focalisés, de blocs émergents. Soixante-cinq situations ont été retenues.

Nous avons pu ainsi dégager cinq catégories d’observation et d’analyse, contribuant aussi à caractériser le concept d’efficacité réflexive. Cette action s’est développée en recherche dans le projet IDEKI « Didactiques, métiers de l’humain et intelligence collective » porté par Muriel Frisch. Ce dispositif a particulièrement impliqué le rectorat de l’Académie de Nancy-Metz. Nous reviendrons en feed-back sur la manière dont les ateliers d’analyse de pratiques professionnelles tels que nous les concevons engagent un processus réflexif des pairs impliqués. Nous montrerons en quoi ils peuvent constituer un outil de professionnalisation pour les infirmiers et les infirmières de l’éducation nationale, dans les « métiers de l’humain » et produire le changement attendu de l’institution scolaire vers plus de bienveillance, de mieux vivre et de confiance.

 12H20-12h45 Premiers échanges et discussion

 12h45-14h15 Repas à l’ESPE De Lorraine

Reprise à 14h15

Le travail s’effectuera dans des ateliers thématiques pour des échanges longs qui seront enregistrés, travaillés puis publiés.

Chaque atelier sera co-encadré par des praticiens et des universitaires du CEREP

Les entrées de travail prévues sont les suivantes :

  • Le praticien réflexif et « l’efficacité réflexive » R. De Lavenne, H. Benyahia, A. Schuler
  • Le tutorat et l’accompagnement à la professionnalisation C. Lambolez, S. Vautrin, E. Henrion, E. Martin
  • L’identité professionnelle (expériences singulières et collectives). C. Grangé, A. Monin, A. Gracz, A-C Majri, S. Frison, B. Raulin
  • Les démarches cliniques F. Doguet, V. Martiny, M-C. Maure, C. Freppel
  • Le rapport au numérique : outils / compensation
  • Promouvoir la santé : les compétences psychosociales au cœur des actions thérapeutiques et/ou éducatives. M. Szymkowiak, V. Catalogna, A. Mangin, K. Ortis, A-G. Bellanger, C.Fritz.

 

Le Comité d’organisation

Muriel Frisch (PU SE URCA), Rozenn de Lavenne (infirmière, conseillère technique auprès de Mme la Rectrice Rectorat Nancy/Metz), Jean-Marc Paragot (Responsable master IFF), Christine Grangé (DSDEN 54 ), Franck Doguet ( DSDEN 55),   Martine Szymkowiak ( DSDEN 57), Céline Lambolez (DSDEN 88), Sophie Divay (MCF Sociologie URCA), Laurence Dedieu (MCF Biologie URCA, correspondante du réseau des universités pour l’éducation à la Santé), Sébastien Thilly (Doctorant à l’URCA au Cérep, Titre provisoire : Processus de professionnalisation et identité(s) professionnelle(s) des formateurs en soins infirmiers, formateur à l’Institut de Formation en Soins Infirmiers du Centre Hospitalier Universitaire de REIMS).