Parlez-lui d’enfants et vous verrez ses yeux pétiller et un large sourire illuminer son visage. Il émane de sa personne une prestance qui envoûtent les petits bambins dont elle s’occupe. Tous ceux qui la connaissent vous diront qu’elle est faite pour être enseignante. Que dans la vie, certaines personnes ont des vocations et qu’elle fait partie de celles-ci.
Ce métier, elle l’a choisie. Si vous lui demandez pourquoi, elle ne vous répondra pas : « Parce que j’aime les enfants ». Non. Ça, c’est la réponse « bateau » que d’ autres vous feront. Évidemment, elle les aime ces petits Hommes. Mais elle, si elle a choisi ce métier, c’est parce qu’elle veut partager. Oui. Partager. Échanger. Et grandir aussi. Selon elle, on ne cesse jamais de grandir.
Physiquement si. Au bout d’un moment, on arrête et « tant mieux » soutiendra-t-elle. Mais dans la tête. Dans le cœur. Est-il seulement possible, un jour, de tout savoir ? La réponse est non, évidemment. Seuls certains très imbus d’eux même vous diront le contraire. Mais pas elle. Elle, elle vous parlera d’enfants et elle aura les yeux qui pétillent et un large sourire illuminant son visage.
Parfois, elle s’emporte auprès de ceux qui ne respectent pas ce métier. Ils sont nombreux. Oh oui, ils sont nombreux ! Une des amies de sa formation lui a dit un jour : « L’enseignement primaire, c’est le Lidl de l’éducation ». Lorsqu’elle évoque son choix de vouloir travailler dans le primaire, on ne cesse de lui demander pourquoi elle ne préfère pas le secondaire. Oui. Pourquoi pas le secondaire ? Elle rit. Elle rit parce que les gens ont tendance à oublier que ce sont des enseignants qui leur ont appris à lire, à écrire, à vivre aussi. Ils restent persuadés que ce métier est facile et beaucoup trop le considèrent encore comme un métier de « substitution » pour ceux qui auraient échoué ailleurs. Mais l’enseignement est aussi un choix. Un choix comme celui qu’elle a fait lorsqu’elle était elle-même une enfant. Ceux qui ne le comprennent pas sont ceux qui croient que les enfants ne sont rien d’autres que des « mioches qui braillent » et qu’être enseignant, notamment en Maternelle, revient à « essuyer des fesses », « faire jouer » et « avoir des vacances». Ils sont si loin du compte… Elle, elle vous racontera ce métier en parlant des enfants. Elle aura les yeux qui pétillent et un large sourire illuminant son visage.
Sa force, ce ne sont pas ces petits bras potelés. Ça, « ce n’est que de la graisse » rira-t-elle. Sa force, c’est sa détermination, son envie. C’est son histoire, son vécu, ses expériences. Mais sa force, c’est surtout les enfants dont elle s’occupe et dont elle veut s’occuper. Les enfants. Ces petits êtres capables de grandes choses. Selon elle, les enfants sont facteurs d’émotions. Ils sont un mélange de tendresse et de douceur. D’angoisse et de peur. De tristesse et de pleurs. De joie et de bonheur. Les enfants sont des preuves d’amour, chaque jour. Un sourire, un rire, un mot. Un regard, un câlin.
Les enfants, c’est un regard nouveau sur la vie. Un regard neuf et innocent qui rend les choses magiques. Un enfant, c’est tellement attachant. C’est attachant par sa naïveté, son dévouement, sa spontanéité. « Tu vois comme c’est riche un enfant ? » ajoute-t-elle. « Ce n’est pas eux qui sont petits. C’est nous ». Ces yeux pétillent et un large sourire illumine son visage.
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Le problème dans le métier qu’elle a choisi, c’est la façon d’y arriver : un concours. Un concours en deux étapes : un écrit qui, s’il est validé, donne lieu à un oral. Un concours qui laisse donc au jury, une fois les écrits réussis, la possibilité de s’entretenir avec les candidats. Une chance de voir les gens qui, comme elle, sont faits pour ce métier. Une chance de les repérer grâce à cette lueur qui brillent dans leurs yeux. Grâce à leurs mots. Des mots qui en disent long sur les intentions des candidats. Des candidats qui, comme elle, sont capables de donner corps et âme pour que les enfants aient un bel avenir, ou au moins qu’il croit en un bel avenir. Seulement, certains jurys ne sont pas capables de saisir cette lueur, cette envie, cette détermination et il laisse quelques perles sur le bord de la route… De belles perles. Comme elle. Aujourd’hui, les résultats de ce fameux concours sont tombés. À 15h. Elle me disait qu’elle allait enfin réaliser son rêve, et peut être celui de nombreux enfants. Elle avait les yeux pétillants et un large sourire illuminait son visage.
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Avant son concours, elle est retombée sur de vieilles photos d’elle. Enfant. Elle était pensive, nostalgique presque à la vue de ces photos. Elle se disait que tout était plus simple avant. Lorsqu’elle était elle-même une jeune fille. Souriante, naïve, joviale et qui attendait de savoir qui serait son nouveau « maître ». Sans se poser de question. Sans penser à tous ces futurs enseignants qui stressaient à l’approche du concours alors qu’elle jouait à la poupée. Deux jours plus tard, elle était dans le grand hall du parc des expositions. En train de chercher son nom sur les petites étiquettes en bout de table. Le cœur battant. La boule au ventre. Elle ne pouvait empêcher cette boule au ventre, présente depuis plusieurs jours. Quelque part, elle lui donner l’agréable sensation d’être vivante et de s’approcher de son but. Alors, à défaut de la faire disparaître, elle avait pris la décision de la contrôler. De la contrôler en se disant qu’elle donnerait le meilleur d’elle-même. Pour eux. Ses yeux pétillaient et un large sourire éclairait son visage.
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Devant l’ordinateur. La boule au milieu de son ventre était réapparue. « Plus grosse que pour les écrits » remarqua-t-elle. Les oraux s’étaient bien déroulés et le jury avait sans doute remarqué les étoiles au fond de ses yeux. Elle cliqua sur le lien. Glissa la souris le long des lettres de l’alphabet, jusqu’à la sienne. G. Son nom n’y était pas. Elle ne dit rien. Un silence. Un cri. Un cri de douleur accompagné d’une explosion de larmes…
Alors voilà. Le jury ne sait pas. Le jury ne sait pas déceler l’étincelle. La perle rare. Il ne sait pas ce que ça fait d’aimer aussi fort. De vouloir aussi fort. De se donner aussi fort. Il ne sait pas tout l’amour qu’elle peut offrir aux enfants. Il ne sait pas. Il n’a pas su. Cette année. L’année prochaine, il saura. L’année prochaine, il doit savoir. Il doit savoir, comme nous, qu’elle est faite pour ce métier. Il doit savoir, comme nous, qu’elle est faite pour eux. Il doit l’écouter parler des enfants. Il doit la regarder parler des enfants. Il doit la regarder parler des enfants, et voir ses yeux qui pétillent et ce large sourire illuminer son visage. Car ça, elle ne le perdra jamais.
A compléter par une courte biographie de Gaëlle GENGENBACH
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