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A partir de la loi d’orientation du 30 juin 1975 en faveur des personnes handicapées, les personnes handicapées ont accès aux institutions ouvertes à l’ensemble de la population dont l’école.
Cette loi a été une étape primordiale.
Les portes s’ouvraient.
→ S’il avait le niveau il suivait les cours en classe ordinaires
→ Sinon il était en classe spéciale. Il pouvait être intégré alors en classe ordinaire à temps partiel.
Ce processus d’intégration à temps partiel est intéressant car il montre bien ce qu’est l’intégration : l’enfant/le jeune est intégré en fonction de ses capacités ; la classe ordinaire se déroule sans grand aménagement particulier. L’enseignant apporte une aide à l’enfant comme il apporte une aide à l’enfant qui peine, l’enfant en difficulté. Un auxiliaire de vie aide parfois l’enfant intégré.
Avec la loi d’orientation du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées . La loi prévoit que tout enfant handicapé doit être inscrit dans l’école de son quartier et bénéficier, en plus, d’un projet personnalisé de scolarisation.
C’est une véritable révolution culturelle, éducative et sociale pour notre société.
L’inclusion est un concept qui découle, dans l’esprit, de la loi de 2005. Il propose l’accueil de tous et de chacun . C’est un principe de laïcité . L’école accueille tout le monde et porte une attention particulière à chacun.
C’est aussi un principe de « co-éducation ».
Le concept d’inclusion a des racines très anciennes. Les sociétés traditionnelles n’excluaient pas les individus différents. En France, il y a moins d’un siècle, les vieux avaient leur place à nos côtés. Les marginaux, les invalides et les idiots avaient également leur place dans une société essentiellement rurale où ils bénéficiaient des biens communaux. Ils avaient un travail à la mesure de leur capacité. Allez raconter à un africain qu’en Europe on regroupe les personnes âgées dans des maisons spéciales, ils trouveront cela scandaleux. Pour beaucoup de sociétés traditionnelles, chaque allure de vie est un enrichissement pour la communauté.
Notre société s’est organisée de telle façon qu’un certain nombre de personnes ont été exclues : les vieux, les marginaux, certains malades, les handicapés.
L’histoire des enfants déviants montre que le repérage et ses outils s’est considérablement raffiné dans le but de mieux prendre en compte et mieux prendre en charge ces personnes. Il y a eut des effets positifs et des effets négatifs, dont l’exclusion, la marginalisation.
Là où l’inclusion rassemble, il y a toujours dans le discours et les actes le risque, la tentation de classer et d’étiqueter les personnes déviantes. « Bonjour Madame ou Monsieur, vous avez un autiste dans votre classe, j’aimerais l’observer. »
Aujourd’hui la nosographie (description et classification des maladies et handicaps) voit se développer les DYS.
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L’inclusion concerne d’abord l’école mais il s’agit de créer un effet de levier pour faire évoluer le monde du travail, de l’entreprise. La loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés un quota de 6% de travailleurs handicapés. Dans le meilleur des cas les postes sont aménagés. La réalité c’est que les modes de management actuels sont incompatibles avec la logique d’inclusion. Travailler avec des personnes handicapés c’est travailler autrement et travailler avec les qualités de ces personnes.
L’inclusion individuelle ou collective est une chance pour ces personnes. Sans cela, ils seraient scolarisés en établissement spécialisé. Là, ils ont la chance de pouvoir fréquenter un collège et des jeunes de leur âge qui ont une scolarité ordinaire, normale. Dans leur vie, c’est « énorme ».
C’est une chance pour eux et pour vous aussi. Je peux témoigner que 15 années de travail quotidien avec « ces enfants-là » m’ont changé. J’ai beaucoup appris et j’apprends encore beaucoup d’eux, sur eux et sur moi. Ils ont développés des qualités différentes des nôtres, différentes de celles nécessaires pour « s ‘en sortir » dans notre société. Là où l’on nous dit sans cesse d’aller vite, eux vont lentement. Cet un exemple parmi d’autres. Il y en a qui courent vite d’autres moins vite ; il y en a qui apprennent vite , d’autres moins vite. Lorsqu’on se promène dans la nature à pied, on ne voit pas les mêmes choses que si on fonce à moto. Ces enfants-là, ces jeunes ont souvent une autre façon de voir les choses, une autre façon « d’être au monde » même. Les côtoyer, parler avec eux, aller à leur rencontre c’est peut-être pouvoir vivre cette aventure-là, cette aventure de la différence ; la différence qui enrichit. Vous vivez les différences déjà tous les jours avec les personnes que vous rencontrez. L’amitié et la vie de couple permettent cette expérience-là également. Mais là, les différences sont parfois plus importantes.
Tout ce que je viens de dire c’est ce qu’on appelle la solidarité . D’après le Larousse Classique c’est : dépendance mutuelle . Je ne m’attendais pas à ça ! On a tous besoins les uns des autres. C’est autre chose que l’amour ou l’amitié, c’est la solidarité. Bon, que les personnes handicapées aient besoin de nous, on arrive encore à l’envisager mais l’inverse… Et bien si ! Quand on regarde les grandes avancées de l’humanité, on se rend compte qu’elles ont souvent été possible par la protection des plus fragiles : Homère était aveugle, Toulouse-Lautrec, polyhandicapé et Beethoven était sourd ! Protéger les plus faibles c’est le contraire de la loi du plus fort.
Il n’y a pas de condition à la solidarité. Lorsque je suis en voiture et qu’une personne est en panne, je m’arrête pour l’aider. Je ne regarde pas s’il est noir, blanc, jaune ou rouge, je ne me renseigne pas pour savoir s’il est gentil ou si c’est un salaud. Je m’arrête et je propose mon aide, c’est tout.
En pratique, ce concept apparaît surtout comme une utopie à réaliser, qu’il s’agit de poursuivre tout de même pour le faire exister chacun et ensemble sur nos terrains d’exercice professionnel.
Il en va d’une lutte et d’un travail.
Le concept d’inclusion a des conséquences pratiques pour votre travail d’étude :
→ I l y a un point de vigilance pour votre travail d’étude : le ou les personnes porteuses d’un handicap que vous allez voir sont avant tout des personnes et vous allez à leur rencontre . Ce ne sont pas des animaux de foire !
→ Deuxième point de vigilance, ce qu’il s’agit d’observer et d’étudier ce n’est pas seulement telle personne mais cette personne en situation .
→ Troisième point de vigilance, lorsque vous rencontrez une personne en situation de handicap il s’agit de voir à la fois ce qui est différent et ce qui est identique. Et cela vaut pour toute rencontre. A bien y regarder chaque rencontre est inédite et en même temps cette rencontre se teinte de semblable.
→ Quatrième point, et pour continuer mon cheminent, pour être réceptif à ce qu’une rencontre peut avoir d’inédit, peut-être s’agit-il de préserver en soi un vide , un espace mental vide, débarrassé d’attentes, de représentations de ce qu’est un handicap et une personne qui le porte. Je pense qu’est c’est une condition primordiale pour écouter l’autre, pour écouter une situation. Il s’agirait d’avoir un regard d’expert et un regard naïf, être capable d’étonnement. Cette dualité relèverait alors d’un autre niveau d’expertise que le niveau de celui qui sait, du spécialiste.
L’inclusion n’est donc pas seulement -et c’est important- de faire matériellement de la place à l’autre, prévoir des aménagements de poste de travail, des aménagements de la scolarité, mais c’est en amont qu’il s’agit pour nous tous -et en nous- de libérer de la place, faire un peu le ménage, se débarrasser de vieilles idées, faire de la place pour accueillir l’autre.
Références
Duby, G., Wallon, A., Juillard, E. & Desert G. (1976). Histoire de la France rurale, de 1789 à 1914. Paris : Seuil.
Touraine, A. (1974). P our la sociologie , Paris : Seuil.
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