Chacun le sait, les enseignants du premier degré sont soumis régulièrement à une évaluation de leur travail et de leurs performances. Nul n’y échappe. On pourrait se dire que, le temps aidant, l’enseignant concerné pourrait considérer cette épreuve comme une formalité. Il n’en est rien. Malgré plus de 30 ans d’ancienneté, je me retrouve comme un enseignant débutant (sans nulle contrainte de la hiérarchie, je le précise) à me demander si ce que je présente aux élèves qui me sont confiés est « dans la norme », si je fais bien la preuve de la spécificité de ma fonction spécialisée dans les aides que je propose, si ces aides sont bien ciblées et adaptées aux enfants en question.
Sans m’en rendre compte, tout doucement, depuis l’automne, le délire et la pression montent, je privilégie les outils et démarches de l’aide (sans pression extérieure, je le rappelle), je glisse insensiblement du côté technique, les enfants ont ils suffisamment progressé, mon travail est-il suffisamment efficace ? Tout cela m’envahit, enfle, prend des proportions gigantesques et commence à m’affecter physiquement (appétit, maux d’estomac, sommeil, irritabilité…).
Que faire ? Je deviens insupportable (si si !).
Mercredi dernier, j’interviens auprès des CAPA-SH 54 avec pour thème « penser l’aide ». Et là, bon sang, mais c’est bien sûr, lors de la synthèse en notant au tableau les caractéristiques de l’aide, je me rends compte que je me suis éloigné des éléments les plus importants. L’aide n’est pas constituée que d’outils, mais c’est aussi une posture (comment ai-je pu l’oublier ?) qui s’appuie sur des valeurs et des connaissances.
Me voilà sauvé, je revis, je me détends. Le mal-être provoqué par le stress précédent, l’inspection m’a fait « oublier » ce qui est profondément ancré en moi, mes valeurs, mes connaissances. Le cerveau émotionnel a pris le dessus, l’affectif m’a gagné avec son cortège de doutes et d’incertitudes.
J’aborde l’épreuve serein.
A compléter par une courte biographie de Patrick MARSAN
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