Didactique adaptée et professionnalité accentuée

Contexte d’émergence :

Avec le groupe intitulé « Construction d’une didactique adaptée et d’une professionnalité accentuée et inclusive » au sein d’IDEKI, « au sujet des nouvelles professionnalités qui se dessinent » et « en précisant l’importance de la constitution d’un corps de savoirs pour caractériser une nouvelle professionnalité qui se veut inclusive »^[1], c’est une nouvelle didactique que nous avons fait émerger.

Nous avons fait l’hypothèse qu’il existe une didactique adaptée aux publics à Besoins Éducatifs Particuliers (BEP) et des formes d’accompagnement adaptées qui contribuent à une professionnalité accentuée. Nous avons posé que les enseignants spécialisés sont d’abord des enseignants ordinaires en travaillant des « accentuations professionnelles ». C’est-à-dire « plutôt que spécialisation qui marginalisait toujours plus les maîtres et les élèves du secteur spécialisé, nous avons peu à peu construit l’idée d’accentuation, en lien avec les enfants à besoins éducatifs particuliers. L’idée d’accentuation signifie à la fois mettre l’accent sur une lettre ou sur une syllabe, donc sur une partie du tout pour en modifier le sens et renforcer, intensifier un élément jusqu’ici moins perceptible, comme en musique […] ainsi nous proposons l’existence préalable d’un commun partagé, disponible entre tous les enseignants. Pour réaliser l’inclusion il s’avère nécessaire de procéder à des accentuations de parties existantes »[2].

Nous avons commencé à étayer collectivement le concept émergeant de « professionnalité accentuée et inclusive ». Six éléments clés de la professionnalité accentuée ont été dégagés au sein de ce que nous avons appelé « didactique adaptée ».

Parmi eux par exemple : l’acceptation de l’impossibilité du générique et donc le refus du leurre de « bonnes pratiques » valables pour tous les élèves, la compréhension de l’inconfort liée aux temporalités particulières, le fait d’accepter que l’élève devienne prescripteur[3].

Nous avons mis en valeur également, en référence à des pratiques professionnelles exercées plutôt dans le premier degré, un premier moyen d’action pour instaurer quoi qu’il en soit un espace propice, favorable au travail d’accompagnement éducatif, de socialisation et d’apprentissage.

Il s’agit du trio :

«  Famille/Parents », « Enfant/Elève », « Enseignant » engagés dans une visée commune : travailler pour avancer.

Le professionnel « travaille à » la/l’ :

• création de liens,
• prise en compte du temps,
• instauration de la confiance,
• prise en compte des Besoins Educatifs Particuliers (BEP), dans le travail d’apprentissage, en se demandant comment maintenir un rapport authentique au savoir.

Avec la mise au jour du système de relation « Ecole/Famille »[4] nous nous interrogeons aussi sur « la pratique parentale » dans la pratique inclusive.

Bibliographie sélective :

FRISCH, M.&PARAGOT, J.M. (2022). Inclusivité scolaire, propos actuels. La revue Santé scolaire et universitaire de l’école à l’université, juillet-août 2022, n°76, p. 10-12. DOI : 10.1016/j.revssu.2022.06.005

FRISCH, M. (2020). Didactique de l’Information-Documentation et développement d’une posture de recherche dans les métiers de l’humain et en intelligence collective… Paris : L’Harmattan, 526p. Préface de Richard Wittorski.

FRISCH, M., BAUR, N., PFEFFER-MEYER, V. (2019). Accueillir, former, accompagner. Cahiers pédagogiques Ulis-Unité Localisée pour l’inclusion scolaire ». Coord. par Gwenael Le Guénel et Hélène Limat, Hors-série numérique n°51, p.57-58. Disponible à l’adresse : https://www.cahiers-pedagogiques.com/ULIS-Unite-localisee-pour-l-inclusion-scolaire.

FRISCH, M. (2016). Emergences en didactiques pour les métiers de l’humain. Paris : L’Harmattan.

Notes : 

[1] Perez, Jean-Michel et Assude, Teresa. (2013). Introduction In Pratiques inclusives et savoirs scolaires. Paradoxes, contradictions et perspectives. Nancy : PUN- Editions universitaires de Lorraine, p. 7-11.

[2] Paragot, Jean-Marc. (2013). « Invariants professionnels des métiers de l’humain et professionnalité accentuée : comment les situations d’inclusion à l’école obligent-elles à une forme d’accentuation de la professionnalité enseignante ? » In Frisch, M. (Dir.). IDEKI, Didactiques et Métiers de l’humain, de la relation. Nouveaux espaces et dispositifs en question, Nouveaux horizons en formation et en recherche : objets de recherche et pratiques « en écloserie » », Paris, L’Harmattan, p. 189-210.

[3] Paragot, Jean-Marc. (2014). « Introduction au chapitre III : premières bases pour une didactique adaptée », In Frisch, M. (dir.). Le réseau IDEKI. Objets de recherche d’éducation et de formation émergents, problématisés, mis en tension, réélaborés, Paris, l’Harmattan, (p. 277-286). Avec préface de Joël Lebeaume.

[4]Frisch, Muriel & Zapata, Antoine. (2013). « Évolution et caractérisation de la professionnalité inclusive. Vers la conception de formes didactiques et d’accompagnement adaptés ». In J-M Perez & T. Assude (Dir.). Pratiques inclusives et savoirs scolaires. Paradoxes, contradictions et perspectives Nancy : Presses universitaires de Nancy, p.173-187.